Notre top 6 des romans graphiques cultes à découvrir au plus vite

Mais en fait, c'est quoi un roman graphique ?

Un roman graphique est un comics/une BD classique/un manga qui se distingue du reste de la production par une plus grande ambition.Thématiques plus adultes, nombre de pages plus conséquent, originalité du dessin et de la mise en page, le roman graphique est une forme plus libre.Will Eisner est considéré comme le père du graphic novel. Un terme qu'il a inventé pour qualifier ses créations dès les années 70.

Maintenant que vous en savez un peu plus sur le sujet, je vous présente mes 6 romans graphiques cultes. Histoire de vous donner quelques idées de lecture pour cet été.

6. Ghost World : le graphic novel emblématique de la scène indépendante

Ghost World, c'est le comics qui représente le mieux la scène BD indépendante américaine des années 90.

Dans une banlieue (pavillonnaire) des États-Unis, deux adolescentes, Enid Coleslaw et Rebecca Doppelmeyer, refont le monde ensemble, font jouer de leur ironie sur les personnes qui les entourent.

Galerie de personnage loufoques, mise en page intelligente et dynamique, teinte bleutée des cases, humour acerbe omniprésent, la thématique du passage à l'âge adulte, de l'amitié, de l'ennui… ce roman graphique de Daniel Clowes porte en lui toute la critique du american way of life. Mais cette critique n'est jamais gratuite et s'accompagne d'une ironie certaine sur ses propres personnages.

Une franche réussite qu'on prend plaisir à lire au long de ses 80 pages.

5. The Dark Night Returns : le Batman à l'origine de tous les Batman

The Dark Knight Returns de Frank Miller est considéré comme l'une des meilleures histoires de Batman, et à raison. Très sombre, crépusculaire même, il met en scène un Bruce Wayne plus âgé, rongé par ses vieux démons et un sentiment de culpabilité dû à la mort de Robin. Névrosé, à la limite de la schizophrénie, Wayne a lâché le costume et laisse Gotham se faire submerger par la criminalité.

Dans cette œuvre, Franck Miller est toujours aussi inspiré et bavard. Il nous présente une société coupée en deux où le progressisme et l'esprit réactionnaire (un brin fasciste) s'affrontent dans des joutes médiatiques au contenu toujours intéressant. Évidemment, on connaît les opinions de Miller et on sent où il veut nous emmener avec sa description d'une jeunesse violente en perte de repère qui va voir dans un vieux Batman sur le retour, le modèle à suivre.

Le grand moment du comics, c'est son final dantesque où Batman et Superman s'affrontent. Les dessins hypertrophiés de Miller illustrent à merveille cette confrontation entre les 2 légendes de DC comics.

4. Spirale : le roman graphique le plus dérangeant

OK, pour cette quatrième place, j'ai longtemps hésité entre Spirale et Black Hole. Deux œuvres qui abordent les tourments adolescents (mais pas que) sous l'angle du fantastique, voire de l'horreur.

J'ai choisi Spirale de Ito Junji parce que cette œuvre lovecraftienne me semble plus complète que Black Hole. Dans une petite ville du Japon, à Kurouzu, les habitants semblent mener une vie tranquille. Pourtant, de plus en plus de personnes développent une obsession pour les spirales, jusqu'à en devenir fou.

Dans ce livre, le thème de la spirale est décliné sous toutes les formes pour créer un malaise palpable et organique. Un père de famille se transforme petit à petit en spirale, deux amants réprouvés s'enroulent l'un sur l'autre, une jeune fille se creuse d'une spirale… Tous les motifs, notamment les plus dérangeants, sont représentés. Kurouzu et Kirie, les 2 jeunes héros, parviendront-ils à échapper à la malédiction de la spirale ? Rien n'est moins sûr.

3.Quartier lointain : le chef d'œuvre nostalgique de Jiro Taniguchi

Quartier lointain est l'œuvre phare de Jiro Taniguchi. Le maître du manga japonais y présente des thèmes universels au travers d'une histoire simple. Un homme d'affaires décide de faire un détour par sa ville natale. Là, il s'évanouit et se réveille plusieurs décennies auparavant dans son corps d'adolescent.

Une idée qui nous a tous traversé l'esprit au moins une fois. Quartier lointain est un roman graphique culte à mettre entre les mains de tous les enfants (et adultes) du monde. Nostalgique, il offre une vue complexe des relations familiales, et douce amer de l'adolescence. Une madeleine de Proust qu'il faut prendre le temps de déguster.

2. Maus : le roman graphique de témoignage et de transmission

Maus est un roman graphique qui a fait date dans l'histoire du comics américain. Commencé à être publié en 1980, il a, en partie, donné ses lettres de noblesse au genre, en montrant que l'on pouvait aborder des thèmes aussi fort que la Shoah dans un style pur BD indépendante.

Le style de Art Spiegelman présente plusieurs parti pris très intéressants. Le noir et blanc, le zoomorphisme (les Juifs sont des souris, les Allemands des chats, les Polonais des cochons…), la double temporalité, permettent de travailler la thématique de la transmission, de montrer la difficulté de dépeindre une réalité horrible autrement que par la fiction. Une œuvre essentielle.

1.Watchmen : la meilleure histoire de super-héros

Watchmen, c'est le chef d'œuvre ultime d'Alan Moore qui en compte pourtant plusieurs autres à son actif (V Pour Vendetta, From Hell, The Kiling Joke). Dans cette dystopie superhéroique, les USA et l'URSS sont au bord de la guerre nucléaire.

Mais les Etats-Unis possèdent une arme destructrice pour les protéger, un être quasi-divin, omniscient et omnipotent, nommé Dr Manhattan. Cet ancien physicien nucléaire victime d'un accident est au cœur des préoccupations du monde.

Un monde avec lequel il ne possède presque plus d'attache, si ce n'est Laurie Jupiter, la jeune femme qu'il aime. À ce premier personnage déjà très intéressant, s'ajoute Rorschach, le vigilante ultra-violent et nihiliste, le Hiboux, un héros altruiste, idéaliste et naïf, le Comédien (assassiné au début du récit), un vieux roublard désabusé, Ozimandias, un jeune homme riche, puissant et doué d'une intelligence inégalée.

Chaque personnage représente un visage de l'Amérique, une vision du monde et de l'héroïsme différentes qui se dévoilent au fil des chapitres qui nous rapprochent de la fin de l'humanité. La mise en page cinématographique de Moore ajoute encore à l'ampleur de ce récit fleuve de plusieurs centaines de pages qui pose la question la plus existentielle qui existe : comment sauver les hommes de leur course à la destruction ?